Bine 05 : Opération Ping Pow Chow by Brouillette Daniel

Auteur:Brouillette, Daniel
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Les Malins
Publié: 2015-06-27T00:00:00+00:00

Chapitre 14

Robe de chambre party

En ouvrant la porte, je découvre un Tristan vêtu d’une épaisse robe de chambre blanche semblable à celle de ma mère. Dans ses pieds, des pantoufles en Phentex. Il s’est promené dans la rue avec ça ?

– Qu’est-ce que tu fais habillé en guidoune ?

– Mon pyjama était au lavage.

– T’as l’air d’un vieux mononcle.

– Elle est ultra confortable, touche !

Il tend le tissu, s’imaginant que je caresserai cette espèce de serviette à deux manches. Du revers de la main, je lui fais signe d’oublier le projet. Je le crois sur parole.

Je n’ai jamais compris le trip de se balader avec un kimono douillet dont la ceinture que l’on noue à l’avant est d’une rare incompétence. Elle lâche toutes les dix minutes. Mais même si elles tenaient en place, les robes de chambre posent un second problème majeur : elles ne cachent pas la moitié des jambes. L’hiver, je suis frileux des mollets, pas des épaules.

– Là, est-ce que t’es tout nu en dessous ?

– J’ai mis des caleçons, voyons !

– On sait jamais, tu te promènes la graine à l’air dans tes bermudas.

– C’est juste arrivé quelques fois.

Quelques fois de trop.

Maxim débarque au même moment de la camionnette familiale, vêtue d’un pyjama rose deux-pièces. Une barbe à papa vivante.

– Salut, les gars.

Son père baisse sa fenêtre, nous souhaite une agréable soirée, nous envoie la main, puis s’éclipse.

Je ne possède aucun pyjama. Trop bébé à mon goût. Quand j’accompagne ma mère chez IGA, je ne demande pas une balloune à la caissière. Et chez St-Hubert, la serveuse ne m’offre plus de crayons de cire pour barbouiller mon napperon en papier en attendant ma salade de chou mégacrémeuse.

Rien de plus inconfortable que de faire dodo habillé. Le tissu finit toujours tout twisté autour du dos et des bras, donnant la sensation qu’un boa nous étouffe. Les couvertures chaudes n’ont pas été inventées pour le simple plaisir de vider les champs de coton.

Comme je sais ce qui s’en vient cette nuit, j’ai opté pour des pantalons de nylon minces Adidas et du noir de la tête au pied. De toute façon, cette couleur représente la majorité de ce que je porte. Pas que je sois sombre et négatif comme un gothique, c’est juste que le vert fluo me donne un air d’asperge radioactive, le jaune, d’un citron joyeux et l’orange, d’une citrouille maigrichonne. Le rose, nul besoin d’en discuter, je refuse toutes les teintes de fille, ce qui inclut le bleu poudre, le turquoise, le mauve, le violet, le lilas et toutes les variantes de prune. Le look « coco de Pâques », non merci.

Ma mère accueille mes amis et les salue. Une attention particulière à ma blonde, sa préférée. Elle l’adopterait demain matin. Moi, je seconde.

Au sous-sol, ils déposent leur sac à dos sur leur matelas de mousse, derrière le divan. Maxim en ressort un énorme sac de maïs soufflé ultra beurre.

– On s’est arrêtés au dépanneur, ça va être moins compliqué que des sachets dans le micro-ondes.

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